Cette nouvelle mouture du concept-car Alpenglow troque son 4-cylindre contre un innovant V6 susceptible de prendre place à bord d’une future A110.
Révélé en 2022 sous la forme d’un concept-car, Alpenglow faisait jusqu’à présent rugir 340 ch au maximum, via un 4-cylindres fonctionnant déjà à l’hydrogène. Une solution que le constructeur estime réaliste pour proposer des modèles sportifs décarbonés, malgré la conjoncture visant à imposer l’électrification. Alpine se montre ainsi force de proposition, espérant des évolutions possibles des réglementations à venir.
Son V6 3,5 litres inédit ouvert à 100°, suralimenté par deux turbocompresseurs, constitué d’un bloc moteur en aluminium taillé dans la masse, avec carter sec. Un vilebrequin à manetons décalés de 20° a été choisi pour assurer un allumage régulier. Les culasses sont réalisées en aluminium de fonderie avec un circuit de refroidissement optimisé, tandis que la distribution est assurée par 4 arbres à cames en tête entraînés par chaîne et 4 soupapes par cylindre commandées par linguets. Avec un alésage de 95 mm et une course de 82,3 mm, c’est un moteur de type « supercarré », un format très favorable aux hauts régimes. La puissance maximale atteint 740 ch à 7 600 tr/min, ce qui correspond à une puissance spécifique de 211 ch/l, pour une vitesse maxi dépassant les 330 km/h. Ce moteur Hy6 est secondé par un embrayage centrifuge et une boîte de vitesses séquentielle Xtrac. Sa philosophie de développement privilégie d’abord une version née pour la course, mais il pourrait être transposable à la série… pourquoi pas sur une future Berlinette.
Au sujet de ce projet sujet, Bruno Firmin, directeur d’Alpine Motorsport a déclaré qu’« avec le développement de ce tout nouveau moteur V6 Hy6, nous démontrons notre implication dans la recherche autour de l’hydrogène qui pourrait préfigurer des applications motorsport avec des niveaux de performances élevés. Une solution pour continuer à cultiver la passion de la compétition automobile au moyen d’un très noble V6 avec une remarquable puissance spécifique et une expression sonore pour faire vibrer pilotes et spectateurs avec son régime maximal à 9 000 tours/minute. Le concept Alpenglow Hy6 est la parfaite expression de ce qui est réalisable pour réussir l’étape essentielle de la décarbonation dans le sport automobile. »
L’expérience d’Alpine en Formule 1 a été mise à profit pour la mise au point de ce moteur. La chambre de combustion est conçue pour l’utilisation de dihydrogène H2, favorisant des mouvements de turbulence permettant la bonne homogénéité du mélange avant l’étincelle. Un point crucial, car l’hydrogène s’enflamme sur une grande plage de richesse, ce qui lui donne une propension à générer des combustions anormales : préallumage (auto-inflammation spontanée avant étincelle de la bougie qui génère des niveaux de pression extrêmes), ou bien cliquetis qui génèrent des auto-inflammations et ondes de choc. Pour éviter ces phénomènes, un soin particulier doit donc être apporté dans la préparation du mélange et l’injection, complétée d’une injection d’eau indirecte qui réduit également au passage les émissions de Nox.
Les trois réservoirs d’Alpenglow Hy6 stockent l’hydrogène sous forme gazeuse (2,1 kg chacun) sous haute pression : 700 bars. Ils sont répartis dans les pontons latéraux et à l’arrière du cockpit et installés dans des compartiments ventilés et étanches vis à vis de l’habitacle. Un régulateur de pression permet de passer de 700 à 200 bars, avant de descendre à la pression nécessaire l’injection directe dans la chambre de combustion. La sécurité n’est pas en reste, les bouteilles composites sous 700 bars étant certifiées « Regulation 134 », tandis que des valves sont installées pour une évacuation rapide du combustible en cas d’incendie. Des capteurs de présence d’hydrogène veillent également au grain en permanence, une procédure de démarrage très stricte étant mise en place avec de nombreux contrôles. Enfin, un système de codes couleurs alerte le pilote et les secours selon le degré d’urgence de chaque type d’incidents.
Les deux solutions principales de propulsion alimentée en hydrogène sont la pile à combustible (qui produit de l’électricité pour alimenter un moteur électrique) ou le moteur à combustion interne directement alimenté en hydrogène. C’est ce dernier choix technique qui a été privilégié par Alpine car il cumule de nombreux avantages pour une voiture de course, en plus du fonctionnement moteur très similaire en ressenti pour le pilote. Parmi ces avantages, une puissance spécifique élevée et un excellent rendement sous de fortes charges, ainsi que des besoins en refroidissement réduits, une grande partie de la chaleur étant dissipée par l’échappement.
Autant d’arguments pour continuer dans cette voie, qui fait l’objet de recherche et développement par Alpine pour optimiser encore ce type de motorisations prometteuses. Pour les solutions de stockage d’hydrogène, Alpine est parmi les constructeurs en pointe en vue du passage à l’hydrogène liquide, un état qui change de paradigme en permettant une meilleure intégration dans la voiture et un ravitaillement rapide.
Alpine Racing est très attentif aux évolutions des réglementations en compétition, et note le projet de l’autorisation par l’ACO et la FIA, à partir des 24 heures du Mans 2028, de la participation de voitures propulsées à l’hydrogène. Pour observer l’arrivée d’une telle technologie sur un modèle de série, il faudra probablement patienter jusqu’à la prochaine décennie. La future A110 étant attendue à l’horizon 2027, elle n’en bénéficiera malheureusement pas.
Cette nouvelle mouture du concept-car Alpenglow troque son 4-cylindre contre un innovant V6 susceptible de prendre place à bord d’une future A110.
Cet article vous est proposé par :