Comme ses sœurs de la gamme A3, la sportive aux anneaux s’offre de subtiles évolutions, dont quelques chevaux supplémentaires et surtout un différentiel entre ses roues arrière. De quoi enfin montrer un peu de caractère ?
Soyons honnêtes amis Audi fanboys, la S3 n’a jamais été une incroyable machine à frissons. Le modèle originel, apparu au seuil des années 2000, annonçait d’emblée la couleur (jaune Imola de préférence) en avouant une personnalité bien plus bourgeoise que réellement sportive. Qu’importe son niveau de puissance tonitruant parmi les compactes de l’époque.
Au-delà du séduisant concept de GT en réduction, ce premier opus avait néanmoins pour lui une bouille irrésistible, après avoir habilement saupoudré les élégantes rondeurs de l’A3 contemporaine (la 8L pour les puristes) de quelques éléments distinctifs : des bas de caisse plus saillants, une pudique double sortie d’échappement chromée, d’emblématiques jantes 17” Ronal aux branches plates, d’éventuelles coques de rétroviseur aluminium (option)… Tout juste de quoi faire friser l’œil du connaisseur dans le trafic, rien de plus. Rien de moins non plus.
Un quart de siècle plus tard, la S3 a perdu de ce charme discret, mais certain. En grande partie à cause d’une A3 à la carrosserie toujours plus bodybuildée par défaut, voire boursoufflée, qui plus est vendue la plupart du temps dans une finition S line ayant tendance à en faire des caisses, même avec un TDI sous le capot. Pas facile dans ces conditions de se différencier sans verser dans la faute de goût ni empiéter sur les plates-bandes de la RS 3.
Pire, ce manque de distinction aura fini par transparaître au volant. La firme d’Ingolstadt semble d’ailleurs en prendre conscience en concentrant, à l’occasion d’un restylage, au moins autant d’efforts sur le châssis que le moteur de cette dernière génération en date, jusqu’ici assez sage.
En se limitant aux modes de conduite Efficiency, Comfort ou Auto, les évolutions ne sautent pas aux yeux. Mais à partir de Dynamic, cette icône de la gamme “S”, dotée de quatre roues motrices comme le veut la tradition, dévoile un entrain quasi inédit.
Il suffit de gentiment braquer en levant le pied à l’abord d’un virage ou d’un rond-point pour noter que l’essieu avant s’engage sans la moindre protestation sur la bonne trajectoire, bien aidé par l’arrière. Puis ce dernier prend carrément l’initiative d’enrouler la courbe à la remise des gaz. Bien que le rythme augmente, la sensation d’agilité perdure.
Tandis que l’amortissement piloté fige ses mouvements, l’intégrale aux anneaux pivote allègrement avec précision sans qu’il ne soit plus nécessaire de la “jeter” d’un franc coup de volant. Amusant. Elle en surjoue même un peu une fois le programme Dynamic Plus sélectionné. A la relance, la nuance entre un simple coup de pouce et une amorce de dérive du postérieur devient plus difficile à cerner. De quoi hésiter un quart de seconde entre débraquer… et contrebraquer ! Un manque de finesse aux limites, possiblement imputable au poids de cette “simple” compacte qui dépasse les 1 600 kg.
Pas de panique, la S3 reste une Audi. Une sportive très efficace bien qu’un brin délurée en effet par l’emprunt à sa grande sœur RS 3 de son Torque Splitter. Soit un différentiel muni d’une paire d’embrayages permettant de faire varier le couple en continu entre les deux roues arrière.
Un raffinement probant, déjà adopté par la cousine VW Golf R, mais qui, en prime, s’accompagne ici, à l’avant, de cales de train plus rigides, d’un carrossage négatif accru de 1,5° et d’une gestion d’assistance de direction revue en faveur d’un supplément de consistance. Pas étonnant que le guidage et l’équilibre progressent jusqu’à redonner le sourire.
Ne manque plus qu’une motorisation au diapason du châssis. Une harmonie que la marque allemande tente bien de peaufiner en augmentant sa puissance et son couple de respectivement 23 ch et 20 Nm. Hélas, en dépit du dixième de seconde grappillé au 0 à 100 km/h, le 4-cylindres turbo de 333 ch apparaît plus anonyme que jamais.
Alors qu’il naquit volubile et pétillant sous le capot des deuxième S3 et Golf 5 GTI en leur temps, deux bons crus, le 2.0 T(F)SI, si cher au groupe VW, ne cesse de perdre de son âme au gré des générations et, probablement, des normes anti-pollution. Ses gains de puissance successifs n’y changent rien. Les montées en régime n’affichent guère de profondeur, la boîte robotisée S tronic, imposée de nos jours, parachevant son caractère lisse.
A court d’argument, la mécanique va jusqu’à verser dans une sonorité désagréablement artificielle dans ses modes les plus agressifs. Et dire que notre exemplaire embarque une ligne d’échappement Akrapovič pourtant facturée la bagatelle de 5 000 € option !
Au bout du compte, c’est justement le budget exigé qui fait le plus grimper le palpitant. Après l’ajout de quelques suppléments plus ou moins indispensables telles que la peinture métallisée ou la clé mains-libres, puis d’un malus délirant, équivalent au prix de la voiture, la facture apparaît bien trop salée. Surtout pour une S3 qui ressemble davantage, par bien des aspects, à une A3 haut de gamme qu'à un modèle à part en dépit d'efforts notables.
Le supplément de tempérament du châssis est indéniable. Mais insuffisant pour faire briller une S3 au cœur d’un monde (automobile) actuel qui laisse toujours moins de place à la demi-mesure.
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Comme ses sœurs de la gamme A3, la sportive aux anneaux s’offre de subtiles évolutions, dont quelques chevaux supplémentaires et surtout un différentiel entre ses roues arrière. De quoi enfin montrer un peu de caractère ?
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