Les petites sportives ont la cote en ce moment. Et Kawasaki a décidé de jouer la carte de l’originalité à fond avec la ZX-4RR : un petit 4 cylindres de 400 cm³ qui prend 14 500 tr/min. De quoi vous faire oublier les hypersports ?
Peut-être certains d’entre vous étaient motards dans les années 80 et 90, et se souviennent de la ZXR 400. À l’époque, les Japonais se livrent des batailles dantesques sur les circuits avec des petites cylindrées baptisées « screamers ». Des petits 4 cylindres taillés pour prendre des tours en hurlant. Une bizarrerie due à la législation très contraignante qui assimilée les grosses motos et la vitesse à la criminalité. La Kawasaki se tire alors la bourre en toute légalité avec les Suzuki GSX-R 400, FZR 400 et autres Honda NS400R. Et les screamers s'exporteront par la suite en MotoGP, avec la génération des 500 cm3.
La ZX-4RR donc la réinterprétation de la ZXR400 version 2024. Un vrai tout de passe-passe compte tenu des contraintes qui pèsent sur la conception avec les normes anti-pollution anti-bruit.
Les ingénieurs Kawasaki se sont pris d’un grand moment de nostalgie en faisant revivre cette petite sportive. Un moteur complètement nouveau qui montre que la marque a toujours un bureau de recherche et développement actif, en dehors des projets électrique, hydrogène ou encore hybride.
La Kawasaki, c’est une sportive qui nous rappelle qu’il n’y a pas que les monstres de puissance façon BMW M1000RR ou Ducati Panigale V4 pour se faire plaisir à moto. 77ch (80 avec le Ram Air), 39 Nm de couple et 189 kg. Light is right disait Colin Chapman.
Nous avons donc essayé la version RR, celle avec un shifter de série, des suspensions plus évoluées et le coloris KRT bien vert.
Première approche, celle du quotidien. Avoir une sportive, c’est généralement être un peu masochiste pour l’utiliser en daily comme disent les bagnolards. C’est raide, c’est inconfortable, ça ne braque pas et c’est impossible de rester raisonnable avec.
La ZX-4RR se montre étonnamment adaptée au monde réel en 2024. Une moto avec une ergonomie qui permet au pilote d’être légèrement relevé donc de ne pas être complètement en appui sur les poignets grâce notamment aux demi-guidons placés au-dessus des tés de fourche. Arriver au travail et être capable de serrer les mains sans pleurer de douleur, c’est plutôt pas mal.
Les suspensions réglées un peu souples permettent de gagner aussi en confort et de ne pas avoir l’ensemble du squelette qui vibre à chaque micro bosse. Kawasaki suit la mode actuelle et propose une sportive polyvalente, comme la Suzuki GSX-8R ou la Triumph Daytona 660.
Une sportive accessible à tous les gabarits, même les petits, avec une selle à 800 mm de hauteur, donc plus basse qu’habituellement sur ce type de machine. De leur côté, les grands trouveront leur place et ne seront vraiment gênés que lorsqu’il faudra se mettre en position attaque, là, ils devront se plier en quatre pour se caler sur le réservoir correctement.
Enfin, la douceur du 4 cylindres et sa grosse inertie à bas régime, permet de rendre la moto douce à l’accélération et donc de garder le contrôle de la machine. Il y a bien des modes de conduite, dont un mode qui réduit la puissance et un anti-patinage, mais ils sont juste là comme un argument commercial, au regard du caractère moteur qui protège de tout emballement intempestif.
Ajoutez à cela une moto compacte, agile et capable de faire des demi-tours dans un mouchoir de poche et vous avez une arme affutée pour se faufiler de manière habile en ville. Ajoutez des carénages qui offrent aussi un peu de protection contre la pluie, et vous avez un commuter différent des autres. Il faut juste assumer le vert pétant et le style Kawasaki. Si elle n'est pas A2, cette ZX-4RR possède plus d'arguments que la Ninja 500.
Oubliez la mode des wheelings façon MT-07, c’est une moto « à l’ancienne » qui demande à lui rentrer dans les tours/min pour la réveiller et s’énerver. Il va falloir travailler pour aller chercher la quintessence du quatre cylindres, au-delà des 7 500 tr/min.
La ZX-4RR change alors de visage et devient beaucoup plus vivante, rageuse même. La sonorité s’emballe, tout comme le pilote qui se retrouve charmé par les sirènes à quatre pattes. Avec le système Ram air, l’entrée d’air forcée, la boite à air est d’autant plus présente et rajoute à l’ambiance générale. La moto respire à fond et vous n’avez pas le temps de cligner des yeux que le tableau de bord clignote à l'approche des 15 000 tr/min et de la zone rouge au-delà. L'impression d'être sur une Superbike et vous n'avez même pas dépassé les 200 km/h ! Parfait pour s’amuser sans faire bruler son permis dans sa poche.
La petite Ninja demande ensuite un peu de savoir-faire pour rester sur les bons régimes moteurs, c'est à dire aux alenturs des 12 000 tr/min. Pour attaquer correctement les virages, il faut donc arriver dessus de manière agressive, moteur hurlant. Il faut jouer de la boite de vitesse, avec le bon tempo. Le shifter présent de série sur cette version RR aide dans la manœuvre. Mais lui aussi a besoin d’avoir le bon rythme pour fonctionner de manière fluide.
Le comportement dynamique est à la hauteur du moteur. La moto est légère, 189 kg avec les pleins, et très agile. Son petit gabarit, et sa partie cycle donnent presque l’impression d’emmener une petite 250 à l’attaque. On se met sur l’angle sans effort et l'ergonomie pousse à adopter la bonne position pour sortir le genou. Les débutants y prendront des bonnes habitudes de pilotage, qu’ils pourront réutiliser sur les ZX-6R et autres ZX-10R.
Si la suspension est un peu souple quand on met un gros rythme ou pour la piste, l'usage routier sur des bitumes douteux fera de ce défaut une qualité. D'autant que la machine est saine, se montre stable dans les courbes comme au freinage et tolère les petites erreurs de pilotage. Un freinage trop tardif, avec un peu d’angle, ne sera pas sanctionné immédiatement.
Le train avant est précis et remonte bien les informations, ce qui donne confiance au pilote et permet de pousser les limites toujours un peu plus, sans jamais se sentir dépassé. Avec la ZX-4RR pour attaquer, il ne faut pas avoir des gros bras pour s’engager à fond, mais un pilotage fin, précis, une belle trajectoire avec le bon régime moteur. Et c’est ça qui est bon !
C’est une question légitime, avec un tarif qui démarre à 9 599 euros (8 599 euros pour la version de base ZX-4R). Un prix digne d’une plus grosse cylindrée, avec une centaine de chevaux comme une Triumph Daytona 660.
Mais il faut prendre le problème différemment : c’est une « vraie » sportive de quatre cylindres et pas un roadster bicylindre caréné comme la Z650 par exemple.
Surtout que la finition et l’assemblage sont irréprochables, et si Kawasaki n’a pas fait dans le bling au niveau des équipements, la petite Ninja ne manque de rien. Le double disque Nissin est bien proportionné, la fourche Showa 37 mm n’est pas la plus impressionnante, mais se montre très convaincante à l’usage et joue bien du compromis confort/sport. Elle n’est réglabe qu’en précharge, ce qui évitera de saccager les réglages usine en trackdays. Elle sera plus limitée pour un pistard régulier.
L'électronique s'en tient aux modes de conduite et à l'anti-patinage, et c'est déjà trop. Pas besoin de centrale inertielle pour un ABS sur l’angle, c’est une moto de pilote diantre !
Avec cette Kawasaki, vous n’aurez pas l’excuse que le circuit est trop petit pour votre monstre. Et lorsque vous ferez l’intérieur à vos potes en Duke 990, ils sauront que c’est le talent de votre pilotage qui fait tout. Et ça, ça n’a pas de prix.
La ZX-4RR est une vraie machine plug-and-play qui permet de s’amuser en toutes circonstances. Si elle étonne d'abord par son caractère moteur unique en 2024, c'est aussi par sa polyvalence qui n’en fait pas qu’un simple caprice à l’achat.
Un bon moyen de s’initier aux joies de la sportive et de la piste. Ou pour les plus expérimentés, cela permettra de maintenir leur pratique du circuit avec des budgets plus raisonnables, sans pulvériser trop vite les consommables.
Ce n’est pas une moto parfaite ou ultraperformante. Ce n’est pas une moto rationnelle. Mais c'est une moto singulière et attachante.
Les petites sportives ont la cote en ce moment. Et Kawasaki a décidé de jouer la carte de l’originalité à fond avec la ZX-4RR : un petit 4 cylindres de 400 cm³ qui prend 14 500 tr/min. De quoi vous faire oublier les hypersports ?
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