Renault n’en finit plus de remonter dans son historique pour toucher le grand public en plein cœur. Dernier en date, ce restomod conçu en collaboration avec un célèbre designer non issu de l’univers de l’automobile.
Longtemps caché sous le tapis, le passé du Losange refait brillamment surface depuis le début de la décennie sous l’impulsion d’un Luca de Meo particulièrement habitué à faire prospérer les racines des constructeurs parmi lesquels il a officié. Vingt ans avant le lancement commercial du projet Renault 5 électrique, auquel il donna le feu vert dès 2021, Fiat vécut sous son égide le come-back de la citadine 500, sous la forme de l’étude Trepiùno, avant sa concrétisation en série en 2007, puis l’incroyable succès qu’on lui connaît depuis. Une recette que l’entrepreneur italien fera prochainement fructifier au sein de la gamme française avec la révélation de la nouvelle Renault 4, en octobre prochain, en attendant le retour de la Twingo, d’ici deux ans.
En exhumant la R17 en ce début septembre, l’ex-Régie ne frôlerait-t-elle pas l’overdose nostalgique ? Peut-être d’un point de vue du calendrier, alors que la R5 communique d’arrache-pied sur l’ensemble des canaux disponibles à quelques semaines de la livraison des premiers exemplaires, et que la vague R4 s’apprête sous peu à submerger le grand public. Mais contrairement à ces dernières, la nouvelle “17” n’envisage aucunement se concrétiser en série, préférant se livrer à une pure performance artistique pour mieux servir l’image de Renault dans l’inconscient collectif. C’est pour cette raison que le projet s’est vu confié à un designer extérieur au studio de la marque en espérant qu’un vent de fraîcheur s’abatte sur sa silhouette.
La démarche n’est pas nouvelle puisque, depuis 2021, l’ex-Régie confie chaque année ce type de création à des designers indépendants, quasiment vierge de toute élaboration d’un véhicule. Après la 4L Suite N°4 de Mathieu Lehanneut en 2021, la R5 Diamant de Pierre Gonalons l’année suivante, puis le revival de la Twingo de 1993 sous l’impulsion Sabine Marcelis l’an dernier, Renault franchit un nouveau cap en collaborant avec un artiste français de renommée internationale : Ora Ïto. Âgé de 47 ans, le Marseillais s’est particulièrement distingué depuis une vingtaine d’années en créant aussi bien une bouteille pour Heineken qu’une cuisine équipée pour Gorenje, de même que des showrooms pour le compte de Nike ou Thierry Mugler.
Si Ora Ïto a également œuvré dans l’univers des transports en stylisant le showroom Toyota des Champs-Elysées ou encore la future rame de métro marseillais baptisée Neomma, jamais encore il n’avait dessiné de voiture, et ce de A à Z. Une particularité qui distingue ce projet de ceux menés par les précédentes collaborations de Renault avec des designers indépendants, ces derniers s’étant “contentés” de pimper des modèles existants. En effet, R17 bénéficie d’une carrosserie et d’une habitacle totalement inédits développés en étroite collaboration avec les équipes du design de Renault.
Comme l’a déclaré Ora Ïto : « Avec Sandeep (Bhambra) et Gilles (Vidal), nous avons travaillé ensemble sur un thème rétrofuturiste, presque cinématographique . J’ai voulu draper Renault 17 d’une seconde peau pour la magnifier et la ramener dans notre époque avec ma propre grammaire : de la fluidité, du dynamisme, de la rationalité et ma signature : la “simplexité". J’ai voulu simplifier des éléments complexes. »
Par rapport au coupé originel produit entre 1971 et 1979, cette cuvée 2024 de la R17 hérite la même silhouette de type fastback reposant sur des porte-à-faux avant et arrière aux angles d’attaque et de fuite aussi généreux que ceux d’un 4x4, dans la plus pure tradition des production de l’époque. Rien de plus normal dans la mesure où l’objet du délit repose sur la structure monocoque du véhicule d’origine dont il reconduit la cabine, les portes, fenêtres, vitrages et joints ainsi que les surfaces d’appuis techniques. Conséquemment, les vitres se passent d’encadrement, tandis que celles logées à l’arrière s’excamotent intégralement en contrebas du généreux pilier arrière à la courbure inversée.
Mais, plus large de 17 cm, cette R17 réinventée se dote d’ailes plus généreuses cédant à des passages de roues de forme oblongue au sein desquels se tapissent des jantes dont le dessin rappellent les sillons d’un disque vinyle. Si la poupe demeure fidèle au fin bandeau lumineux de son aïeule, la proue troque son quatuor d’optiques rondes contre des éléments rectangulaires en enfilade pour moderniser son regard, toujours au sein d’un ensemble phares/calandre/bouclier de forme oblongue.
Des volumes géométriques qui font écho à ceux privilégiées dans l’habitacle, véritable cocon ouaté inspiré de l’univers de l’ameublement des seventies. D’où le recours, pour ses sièges de type “pétales”, à un satin chiné en laine Mérinos très fine pour le tissu marron et un bouclé de laine léger et délicat, haut et épais pour le tissu beige. La planche de bord n’est pas en reste en réinterprétant astucieusement les quatre cadrans logés derrière le volant bi-branche, lui aussi de forme oblongue.
Si la R17 de 2024 rend un vibrant hommage stylistique à son ancêtre née il y plus d’un demi-siècle, les têtes pensantes de Renault ont cédé à la tendance d’une propulsion 100% électrique. Implantée à l’arrière, elle délivre 270 ch pour mouvoir son poids plume d’un 1,4 t, grâce à l’emploi massif de fibre de carbone.
Malheureusement, cet exemplaire unique se contentera essentiellement d’écumer les halls d’exposition, à commencer par le lieu éphémère Maison5 à Paris jusqu’au 11 septembre, avant d’être présenté au concours Chantilly Arts & Elegance Richard Mille du 12 au 15 septembre, puis exposé sur le stand Renault du Mondial de l'Auto de Paris du 14 au 20 octobre.
Renault n’en finit plus de remonter dans son historique pour toucher le grand public en plein cœur. Dernier en date, ce restomod conçu en collaboration avec un célèbre designer non issu de l’univers de l’automobile.
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